C’est la première fois que je suis tentée de faire un récit du post-partum. On connaît de mieux en mieux les récits d’accouchement. Ils sont nécessaires et importants pour nous les femmes afin de détricoter nos histoires, les comprendre et les intégrer. Je parle d’ailleurs de la thérapie qu’ils nous offrent dans cet épisode de podcast (ICI). Mais le retour sur l’expérience du postnatal n’est encore pas si fréquent. Laissez-moi partir le bal!

Tout a débuté… ben… après la naissance quoi! J’étais à la maison, avec mon amoureux, les sage-femmes encore présentes pour quelques heures avant de nous laisser seuls. Nos grandes filles étaient avec grand-maman et devaient passer nous voir cette journée-là (on ne savait pas encore à ce moment-là que j’allais donner naissance juste avant leur passage à la maison!). Elles ont donc rencontré leur petit frère 5 heures après son arrivée sur Terre! C’était aussi la première fois que ma mère nous rendait visite en postnatal si tôt! Les deux autres fois, j’avais demandé à tous quelques jours pour profiter de notre cocon familial.

Placenta

Vous vous souvenez? Dans mon récit d’accouchement, je vous ai raconté la sortie du placenta un peu trop rapide à mon goût. J’ai l’impression d’avoir pu panser la blessure de cette sortie un peu brusque par le rituel qui s’en est suivi. Nous avons attendu environ deux heures après la naissance avant de nous intéresser au placenta. Pendant ce temps, il patientait sagement dans un bol, tout près de bébé Maxence, encore attaché. Nous avons donc fait un lotus (très) partiel suivi d’un rituel où mon amoureux et moi avons brûlé le cordon ombilical plutôt que de le couper. L’idée étant d’amener chaleur et lenteur à cette séparation plutôt que le froid et la dureté des ciseaux. Les sage-femmes étaient bien intriguées par le processus!

Le placenta est ensuite allé faire un séjour au réfrigérateur jusqu’à ce qu’il soit récupéré par la personne que j’avais mandaté pour en faire l’encapsulation (je comptais le faire seule mais je suis bien heureuse d’avoir délégué!). Le lendemain, j’ai trouvé la force de descendre à la cuisine afin d’essayer d’en faire de belles empreintes mais le cordon était si court que le résultat n’était pas super… Puis j’en ai coupé quelques petits morceaux que j’ai mis au congélateur pour m’en faire des smoothies. J’en ai aussi glissé un morceau dans une bouteille ambrée avec de l’alcool de grain que je laisse toujours macérer à ce jour. Il faudrait bien que je filtre ma teinture-mère d’ailleurs!

Sur trois naissances, c’était la première fois que je conservais mon placenta. Je suis heureuse de l’avoir fait. J’ai consommé des smoothies au placenta la première semaine puis une bonne partie de mes capsules le premier mois. Après, ça m’est sorti de la tête. On dit que la consommation pourrait avoir un impact sur la récupération et l’allaitement. Ma récupération et mon allaitement se sont super bien déroulés… mais ça se passe généralement bien de mon côté avec ou sans placenta!

Allaitement

C’est fou comme chaque allaitement est différent. Malgré mon expérience personnelle de 4 ans et demi d’allaitement, mes nombreuses formations et mon implication comme bénévole pendant 2 ans à titre de marraine d’allaitement, je savais que je devais maintenir ma posture d’apprenante et ne rien prendre pour acquis. Et j’ai bien fait car ce ne fût pas aussi fluide qu’avec mes deux autres bébés. Pas de nuit de Java avec lui mais une journée complète de tétées groupées pour son premier 24h. Pour tout dire, au jour 3, il avait déjà pris 100g et, à 2 mois, il avait doublé son poids de naissance!

Puis, les deux premières semaines ont vraiment été une période d’adaptation pour Maxence et pour moi. Il n’ouvrait pas la bouche très grand et donc la prise n’était pas optimale. J’en ai fait une gerçure (ma première à vie!). J’ai soulagé le tout avec mes petits produits chouchous et mes coquillages d’allaitement. Ohh la fraîcheur de ces petits bijoux nacrés!

Ma révélation pour ce nouvel allaitement? Les coquilles de récupération de lait maternel. Comme j’ai un REF (réflexe d’éjection fort), je me suis toujours retrouvée complètement inondée. Les coquilles m’ont permis de récolter énormément de lait, de soulager mes seins en les laissant se vider de leur trop plein et de rester (simili) au sec. Pourquoi n’ai-je pas connu ça avant?!?

Mois d’or

Avant la naissance de mon coco, j’avais fait des pieds et des mains pour m’assurer un repos quasi complet en postnatal. C’était primordial pour moi parce que je crois réellement à son importance mais aussi parce que je voulais me sentir intègre par rapport à ce que je prône au quotidien au travers de Maternité Sacrée. Et lorsque je ne respectais pas mon besoin de repos, je le ressentais vivement : fatigue, douleur au sacrum, mal de tête.

Je priorisais mon sommeil en faisant des siestes éclairs en journée (dans l’incapacité de dormir le jour, il y a des moyens de se reposer tout de même!). Lorsque bébé s’endormait le soir vers 21h00, son père le prenait sur lui, en peau à peau, pendant que je me dépêchais de rejoindre Morphée. Cela me permettait d’enfiler quelques heures de sommeil en ligne en début de nuit avant de prendre la relève pour les réveils, les boires, les changements de couche. Comme mon chéri est un oiseau de nuit, se coucher tard ne le dérangeait pas du tout. Ce fonctionnement a duré quelques semaines et j’en ai grandement profité!

Pour ce mois d’or, nous avons reçu très très peu de visiteurs. Je n’étais pas gênée de les recevoir dans un bordel incroyable, ni de quitter en plein milieu d’une de leurs phrases pour aller faire une sieste. J’étais en confinement. Ils étaient dans ma bulle. À eux de s’adapter, ha!

J’avais fait de ma chambre mon sanctuaire avec un petit lit pour bébé à côté du mien (finalement, il ne dort qu’en cododo), une station de change et ma chaise berçante. J’avais tout à portée de main et n’avais ni l’envie ni le besoin de quitter ce cocon douillet!

J’ai porté une attention particulière à mon alimentation, surtout les premiers jours. En buvant de l’eau chaude, des tisanes de gingembre, du bouillon d’os de bœuf et en mangeant de la soupe et du pouding de riz avec épices, le tout agrémenté de grandes quantités de ghee maison. Malgré la chaleur ambiante, j’ai apprécié ce type d’alimentation pour ma récupération. On me dit souvent que ce doit être plus adapté lorsqu’on donne naissance en automne ou en hiver. Je ne suis pas d’accord!

J’ai vécu plus difficilement cette troisième grossesse. L’âge? La fatigue? Les responsabilités? En postnatal, je ressentais un besoin accru de prendre soin de mon corps. C’est donc avec joie que j’ai massé fréquemment mes seins et mon ventre avec une bonne huile, que j’ai enfilé un bandage du ventre de façon quotidienne, que je suis allée voir mon ostéopathe quelques fois. Prendre soin de moi n’était pas seulement important, c’était crucial pour mon équilibre et ma santé mentale.

Accompagnement

Pour ce dernier bébé, j’avais engagé deux doulas postnatales pour venir chacune me visiter une fois par semaine pendant six semaines. Malheureusement, j’ai perdu une de mes deux doulas juste avant la naissance. Elle s’est blessée en juillet et devait se faire opérer en août. Avec sa convalescence, son accompagnement était devenu impossible…

Toutefois, celle qui m’a accompagné pendant mon mois d’or était merveilleuse! Formée par mes soins, je savais pas mal à quoi m’attendre. On a quand même pris du temps pendant l’été pour se rencontrer afin que je puisse nommer mes besoins et qu’elle me précise le type de support qu’elle pouvait m’offrir.

Elle m’a donc fait une première visite rapido pour m’apporter un sac de victuailles : collations, compote, confiture, … Puis, lors de chacune de ses visites, elle me faisait mon petit déjeuner en arrivant (porridge ou bol de chia chaud avec un chaï), me cuisinait 2-3 repas et 1 collation, me faisait un serrement de bassin, me préparait un yonisteam et/ou un bain, me faisait un massage de pieds, de jambes, de mains. Au travers de tout ça, on discutait! Elle m’a rappelé quelques gestes en langage des signes, m’a aidé avec ma routine de lavage pour mes couches lavables, m’a trouvé une ressource pour un soin rebozo, … J’ai eu de la peine quand nos rencontres se sont terminées. Lorsqu’elle venait à la maison, le temps s’arrêtait et je m’autorisais vraiment à prendre ce temps là pour moi. Mon plus bel investissement EVER!

Mealtrain

Le mealtrain est un concept que je connais depuis des années. J’en parle même dans mes formations mais l’expérimenter pour soi rend le tout tellement plus réel! Je pense que ça prend une bonne communauté pour être super efficace. À certains moments dans ma vie, je ne crois pas que l’initiative aurait eu de bons résultats. Cette fois, ce “train de repas” s’est mis en place grâce à la coordo de l’école des enfants. Ce sont donc les parents de l’école qui y ont participé. Nous avons reçu en l’espace d’environ trois semaines : pizza maison + croustade aux pommes, salade de quinoa, potage courge-coco + biscuits de lactation, soupe repas + pesto + pain aux bananes, lasagne, repas libanais, pâtes au fromage et légumes et j’en oublie peut-être! C’était FANTASTIQUE de ne pas se casser la tête avec les soupers alors que l’école venait tout juste de recommencer et qu’on devait déjà se casser la tête avec les boîtes à lunch, haha!

Adaptation

Au travers de tout ça, aussi bête que cela puisse paraître, je n’avais pas vraiment envie de passer du temps avec mes grandes filles. Heureusement, je n’en ai pas trop ressenti de culpabilité car je savais que c’était temporaire. Le bien-être de mon bébé et le mien dépendaient de cette connexion, cet attachement, cet allaitement que nous étions en train de construire. Je n’avais que très peu d’espace pour m’en laisser distraire. J’étais bien heureuse que mes grandes aient 6 et 9 ans et qu’elles soient autonomes et indépendantes. Ceci dit, jamais je n’aurais cru que cette transition puisse être aussi délicate pour ma plus jeune. Elle avait si hâte!! Après l’arrivée de Maxence, pendant près de 6 semaines, elle a recommencé à mouiller ses culottes, s’est mise à crier, taper du pied. Elle est devenue très colérique et je n’avais pas l’énergie de l’accompagner là-dedans. Ne pas avoir assez préparé les enfants est mon seul regret. Enfin, depuis peu, je retrouve mon enfant avec ses espiègleries, ses câlins, son amour. Quel soulagement!

En conclusion

Ma conclusion c’est que mon post-partum est loin d’être terminé! J’ai toujours l’impression qu’il dure plus ou moins deux ans. Deux ans avant que je retrouve ma tête, que j’apprécie mes changements physiques, que j’aie l’envie de me détacher un peu de mon bébé. Il me faudra donc encore beaucoup d’énergie pour continuer d’accompagner mes trois merveilles dans leur développement. Pour être au top, je dois continuer de prioriser mon repos, ma santé mentale et mon bien-être physique. Je ressens aussi l’envie de renouer avec mes rituels préférés (tirage de cartes d’ORACLE, cacao de cérémonie, breathwork, …). Faire de l’espace dans mon quotidien, revenir à l’essentiel et revisiter mes priorités, c’est loin d’être futile. Je le sais, je le vois, les retombées sont majeures!