entrevues

Chaque expérience de postnatal est unique! Au fil des semaines, je te partagerai ici le vécu de plusieurs femmes concernant leur 4e trimestre. Certaines expériences seront plus joyeuses que d’autres. C’est correct. Je vise le #sanstabou #sansfiltre #justeduvrai. Parce qu’on va se le dire, le 4e trimestre c’est rough. D’un autre côté, ça passe vite et ça peut être magique et mémorable… quand on sait un peu à quoi s’attendre. T’es enceinte? Tu dois absolument lire cette série d’entrevues pour y dénicher des perles et y lire des trucs qui resurgiront quand tu vivras un moment de découragement. 

Entrevue avec Cinthia Labillois
Intervenante familiale, actuellement maman à la maison #ecolemaison, fondatrice du blogue Bonheur Assumé

Parle-moi de ton expérience en postnatal. Comment l’as-tu vécue?

Ma première fille est née à 35 semaines. Nous avons eu la chance qu’elle n’aie pas de complications sévères. Elle a par contre du être hospitalisée pendant 1 semaine pour une jaunisse de naissance. Cette expérience m’a profondément marquée. J’étais plus jeune et plus fragile. J’écoutais ce que l’une et l’autre me recommandaient sans écouter ma voix intérieure qui me criait de refuser toutes ces manipulations qu’on faisait sur mon bébé.

Mon conjoint s’est occupé de tenir nos familles à l’écart voyant que j’avais besoin de temps pour me recueillir avec ma fille. La connexion ne s’est pas faite instantanément non plus pour moi. J’avais de la difficulté à me sentir maman pendant les premières minutes/heures.

J’avais devant moi un petit humain dont je ne connaissais rien, mais qui dépendait complètement de moi. C’était big!

Pour ma deuxième fille, c’était un peu plus facile dans le sens où j’étais en terrain connu et qu’elle est née à terme. J’ai toutefois refusé l’allaitement de peur qu’elle développe une jaunisse elle aussi, puisque le lait tardait à venir et qu’elle avait un teint propice à cela selon le médecin. Malgré ça, encore une fois, j’avais l’impression d’aller contre quelque chose en moi… mais je ne savais pas comment faire autrement.

Je n’ai pas eu la chance de prendre le temps avec ma fille et de l’accompagner doucement comme elle en avait besoin. Elle faisait partie de ces petits BABI, et j’avais sa soeur de 13 mois à m’occuper en même temps. Le quotidien est vite devenu lourd et m’a projeté vers un épisode post partum. 

Lorsque j’ai appris ma 3e grossesse, déjà, j’étais plus établie dans ma maternité et je savais que je voulais autre chose. J’ai décidé que personne ne choisirait pour moi quoi que ce soit cette fois, de mon suivi de grossesse jusqu’aux premiers pas de ma fille.

Ainsi, j’ai accouché à la maison où j’ai vécu la plus belle bulle postnatale qui soit possible de vivre avec mon nouveau bébé. Tout s’est fait très naturellement et son arrivée n’a perturbé personne.. comme si elle avait toujours été parmi nous.

Enceinte, te sentais-tu confiante face à ton nouveau rôle de mère? 

Cette fois-ci, oui, très en confiance! Le fait de contrôler la prise de décision m’a redonné une impression de pouvoir et de force. Je n’ai pas fait les tests de glucose par exemple, parce que j’avais trop peur des risques associés. J’ai aussi refusé certaines échographies et j’étais déterminée à donner naissance à ma fille chez moi malgré les doutes et les craintes de notre entourage.

J’avais envie de suivre les vagues de mon accouchement dans le confort de ma maison, là où je me sens le plus en confiance. 

Le « village » pour toi c’est quoi?

J’aime beaucoup cette question! Le village pour moi, c’est de se sentir inclus dans un cercle de personnes soutenantes et disponibles. Des personnes bienveillantes et respectueuses du besoin de l’autre sans nécessairement qu’il soit nommé. 

À la naissance de mes 2 premières filles, je n’ai pas vu ce village. Je le cherchais sans savoir le reconnaître. J’étais entourée par des gens qui étaient eux-même aux prises par leur quotidien essoufflant, et qui n’étaient donc pas réellement disponibles pour l’écoute dont j’avais besoin.

Mon conjoint et moi avons également de la difficulté à faire confiance lorsqu’il s’agit de la responsabilité de nos enfants. Nous n’avions à ce moment là, personne qui arrivaient à nous mettre suffisamment en confiance pour que nous nous laissions aller lorsque le besoin se faisait sentir. Nous avons donc appris à ne compter que l’un sur l’autre.

À la naissance de ma 3e fille, tout à été différent. Je me suis greffée à un groupe de mamans qui scolarisaient déjà ou étaient en voie de scolariser leurs enfants aussi. J’y ai trouvé des mamans aux valeurs semblables aux miennes. Des mamans de coeur pour qui prendre un enfant qui n’est pas le sien sur ses genoux en jasant, fait parti du quotidien. Des mamans qui te nourrissent par leur présence, sans effort, et qui devinent ton besoin même lors de tes silences. 

Pour moi, le village c’est cela, et je suis remplie de gratitude de pouvoir dire que je l’ai trouvé!

Qu’est-ce qui t’as le plus surpris pendant ton 4e trimestre?

Ce qui m’a le plus surpris au fil des premières semaines/mois (de ma 3e fille), a été la connexion. Cette connexion tellement difficile à décrire en mots. J’ai enfin eu l’impression qu’au plus profond de moi, ma nature même savait ce qu’il fallait faire. Je l’avais toujours su mais enfin, je cessais de combattre.

Dès la naissance, je me suis mise à convulser, ce qui m’arrivait à chaque accouchement. J’avais un besoin (comme chaque fois précédente) de sentir l’eau très chaude me réchauffer. Mon conjoint m’a donc porté jusqu’à notre douche, où j’ai pu passer un moment pour moi, suite à cet effort intense. 

L’allaitement a eu un début difficile pour de multiples raisons, mais j’ai persévéré et j’allaite toujours ma fille 14 mois plus tard. Elle n’a d’ailleurs jamais quitté mon lit, de sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Lorsqu’elle m’appelle je m’allonge près d’elle alors qu’elle cherche le sein puis s’endort le plus naturellement du monde.

Durant les premières semaines, elle passait parfois près de 24h/24 au sein. Mon rationnel faisait constamment naître des doutes sur le bienfait de ce que je faisais de si différemment qu’à mes autres filles..

Pourtant, mon coeur me disait que oui, tout était normal; que c’était ce dont elle avait besoin et qu’elle, elle était guidée par son instinct le plus primitif qui soit, et que ça ne pouvait pas être trompeur. Je lui ai donc fait confiance; je nous ai fait confiance. 

Finalement, j’ai vite compris qu’elle était inconsciemment en train de ‘travailler’ à installer notre routine d’allaitement.

Au final, je me surprends encore à être guidée par une si grande confiance même lorsque les doutes décident d’apparaître. Je me répète de faire confiance et de laisser le temps faire son oeuvre, et jusqu’ici, ça a merveilleusement bien fonctionné pour nous.

As-tu réussi à prendre soin de toi en postnatal? Si oui, comment? C’est quoi ton truc?!

Aussi étrange que ça puisse paraître, tout a été plus facile à ma 3e qu’à mes premières filles. Entre autre parce que mon conjoint était mieux préparé et donc plus à l’écoute, mais aussi parce que je me laissais guider par mon instinct.

Je ne me souviens pas d’avoir pris un bain avec mes premières filles, sans doute trop préoccupée par les routines si importantes à instaurer…

Cette fois, je prenais un bain chaud presqu’à chaque soir pour détendre mes muscles et permettre à mon corps de récupérer. J’y emmenais ma fille avec moi et elle restait sur moi au sein pendant que je me détendais.

Mon conjoint a été aussi très présent pour prendre soin des plus grandes afin de nous laisser le plus longtemps possible nous remettre ensemble de l’accouchement. Je dormais avec elle, et lors de sorties je l’a gardais près de moi en portage. Les sorties de famille ont repris assez tôt, mais de cette façon, il n’y a eu que très peu de pleurs pour bébé. J’entretenais donc un état de calme assez constant. 

J’avais également prévu quelques repas et collations dans le congélo pour que le quotidien continue sans stress. Ah oui! Pis on a arrêté de se stresser avec un peu de poussière qui fini toujours par revenir de toute façon!

Si tu avais un conseil à donner aux futures mères, enceintes de leur premier enfant, ce serait quoi?

De se faire confiance!! D’arrêter de lire tous les livres possibles qui se contredisent pour la plupart, ou d’écouter les conseils de ma tante chose parce qu’elle, elle sait dont comment ça marche.

N’ayez pas peur d’écouter votre voix intérieure même si elle vous mène sur une voie contraire aux autres autour. Respectez-vous dans vos limites et vos besoins et faites confiance à votre instinct et à celui de votre enfant.

Aussi, n’oubliez pas qu’un enfant nous apprend beaucoup sur la vie et sur nous-même si on se donne la peine de l’écouter. Arrêtons de vouloir trouver le truc miracle qui lui fera faire des nuits de 12h à 6 mois. Profitons de chacun de ces petits moments qui passent et qui ne reviendront jamais, même lorsqu’on sent que notre corps n’en peut plus… il pourra encore lorsqu’il est animé par l’amour et le don de soi.

Parce que c’est un peu ça avoir un enfant; c’est voir son coeur grandir et battre dans le corps de quelqu’un d’autre…

Cinthia Labillois
www.bonheurassume.com
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