La saine frustration des mères entrepreneures

Je vais écrire ici, aujourd’hui, de façon bien personnelle à propos de l’entrepreneuriat et de la vie de maman. Sûrement que quelques-unes se reconnaîtront.

Je porte en moi une grande part de l’archétype DEMETER, la déesse grecque symbole de la maternité. J’aime la grossesse, l’accouchement, j’adore le 4e trimestre, l’allaitement est si doux et si bon, … Puis vient le moment où les enfants ne sont plus si petits et où ils ont moins besoin de moi. Vient le moment où je me mets à me questionner et à vouloir laisser ressortir d’autres facettes de ma personnalité.

Autant, j’adore mon rôle de maman, mes enfants et ma vie en général… autant, je me sens ultra limitée et je vois ma famille comme un frein à mon expansion. Mon expansion en tant qu’entrepreneure, pas en tant qu’humaine, je tiens à préciser! Parce que mes filles me font grandir en tant que personne, un peu, chaque jour. Ça, y’a pas de doute. Sauf que, j’ai aussi la personnalité d’une ARTÉMIS, une fille fougueuse, libre, sauvage, en besoin de projets, buts et objectifs à accomplir et la maternité me coupe un peu les ailes… au quotidien.

Et je vous arrête tout de suite avec vos “ça ne dure pas longtemps”, “mieux vaut en profiter pendant que ça passe”, “tu les as voulu tes enfants, assume”! Un autre article s’en vient sur les conseils non-sollicités, merci, bonsoir. Je vous le dit, je ne reviendrais en arrière pour rien au monde mais ce que je vis là maintenant, à besoin d’être exprimé. Et si je le fais aujourd’hui, c’est parce que JE SAIS que je ne suis pas la seule.

Forte envie de plus

Pas plus tard qu’hier, une de mes doulas postnatales, m’écrit et je sens dans le ton de ses quelques lignes une tristesse, une lassitude, une envie-de-plus. Elle m’écrivait pour me dire qu’elle devait mettre de côté son projet sur lequel elle essayait tant bien que mal de travailler depuis quelques semaines. Elle se rendait bien compte qu’elle n’y arriverait pas et que si elle continuait à ce rythme, elle allait se brûler. 

Y’a un conflit profond qui sommeille à l’intérieur de beaucoup de coeurs de mères entrepreneures : celui d’avoir une carrière, d’être autonomes, de briller, tout en jonglant leur vie de maman. On en parle beaucoup de cet équilibre familial tant recherché mais, ici, j’avais plutôt envie d’adresser la frustration de toutes celles qui veulent plus et se sentent coincées. C’est tellement normal d’arriver à un moment où on se dit mais je suis qui moi? qu’est-ce que je fais ici? j’ai du potentiel inexploité! je veux plus! j’étouffe! Puis, on voit les autres autour réussir et, on a beau ne pas vouloir tomber dans la jalousie, on les envie tout de même et on se demande comment elles y arrivent.

Si on tait tout ça à l’intérieur de nous parce que “on-est-dont-bien-chanceuse-de-pouvoir-rester-à-la-maison”… ça n’étouffe pas le feu, ça le fait grandir. En nous doucement, le feu finira par prendre toute la place. Y’a une quête de sens qui se fait en postpartum, une recherche identitaire. Selon votre personnalité propre, il se peut que la vie de maman soit géniale mais qu’il vous manque quelque chose. Et c’est pas à cacher! C’est à célébrer! Vous avez du potentiel et de l’ambition, n’est-ce pas merveilleux?

Foutue culpabilité!

Et là, subtilement, dans toute la variation des émotions possibles rencontrées sur le chemin de l’appropriation de soi, de la définition de sens, du démarchage et de la mise en chantier d’un projet… il y a la culpabilité de mère. La foutue culpabilité qui, elle, nous gruge l’intérieur. On s’en veut de ne pas être présente à 100%, de ne pas avoir envie de lire un 15e livre en ligne, de dire une fois de plus “maman doit travailler”…

Un temps pour rêver…

C’est pas un article à conseils. Désolée, j’ai rien à vous apprendre aujourd’hui. Je veux par contre vous faire voir la beauté de ce moment là. Un moment privilégié pour se redécouvrir, pour faire de l’espace dans sa tête. Une fenêtre d’opportunités pour mettre ce projet qui nous tient à coeur sur papier, pour l’organiser, pour le préparer. Entre deux tétées, la tête dans les nuages en concoctant une énième collation ou allongée, sans bouger, à faire semblant de dormir, près de son coco qui refuse de faire la sieste. Prenez ce temps inestimable pour visualiser vos futurs objectifs. Rêvez-le votre projet! Et bien assez tôt, vous aurez un peu plus de liberté pour le faire vivre.